Extrait d’un texte très romantique dans lequel l’auteur traverse le sud de l’Algérie à la découverte des Zaouias ...Et nous parle de la poésie du Sud et de ses hommes
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L’ALGÉRIE LEGENDAIRE
EN PÈLERINAGE ça et là , aux Tombeaux des principaux Thaumaturges
de l’Islam (Tell et Sahara)
(…) Si Mohammed-ben-El-Aabed de la célèbre tribu chérifienne des Oulad-Sidi-Ahmed-el-Kebir et l’un des descendants du saint voulut bien sur ma demande, me continuer ses bonnes leçons et me servir de guide dans la Ziara (pèlerinage, visite) que j’avais formé le projet de faire aux tombeaux des principaux saints algériens, et cela malgré l’importance et les fatigues de cette pieuse entreprise. Après avoir composé notre itinéraire, je pris jour avec Si Mohammed-ben-El-Aabed, et nous fixâmes la date de notre départ. Nous devions commencer notre Ziara par les saints du Sud, revenir dans le Tell, et visiter ceux du littoral, c’est-à-dire les saints maritimes.
(…) Nous allons donc nous enfoncer dans les profondeurs du Sud occidental ;
(…) Aussi la nature des miracles des saints du Sahra s’est-elle modifiée très sensiblement,
comparativement à celle des aoulia de la région montagnarde: chez les thaumaturges du désert, elle emprunte le caractère aventureux des populations nomades de cette région ; dans le pays des horizons infinis la légende prend, en effet je le répète, une allure plus chevaleresque, plus guerrière, plus poétique ; elle rappelle plus volontiers les exploits merveilleux du poète-sabreur Antar-ben-Cheddad-El-Absi ; de Rabyahfils de Moukaddam, le plus brillant, le preux, le plus admirable de la vieille Arabie ; d’Amr-ben-Hind, le brûleur ; de Find, le poète-guerrier des Bni-Zimman, et de tant d’autres. Là, nos saints aiment les chevaux et la guerre, les mêlées furieuses ; ilsaiment les beaux coups de lance qui ouvrent de larges blessures, d’où le sang noir jaillit en flots bondissants; ils aiment ces merveilleux coups de sabre où les lames vont fouiller les entrailles des guerriers jusqu’au fond des reins : ce sont des thaumaturges à cheval dont le coeur est chauffé à la haute température de la république des sables. (..)« Nous assisterons aux sanglantes équipées où les femmes chauffent la bataille en jetant tous leurs charmes, toutes les promesses de l’amour, sur le champ du combat, pour exalter les guerriers. « Nous verrons aussi de saints anachorètes, des extatiques, dont les macérations,les mortifications, les tortures qu’ils s’imposent pour dépouiller leur matérialité, leur terrestrialité, pour dompter leur chair, pour se rapprocher de Dieu, dépassent toutes les folies mystiques, toutes les sublimes frénésies des solitaires de la Thébaïde; le désert, c’est la patrie des poètes, des brillants cavaliers, des contemplateurs, des chercheurs d’aventures.
Ceci dit, ceignons-nous les reins, mettons notre mezoued(1) de rouïna(2) à l’épaule, et en route pour le Sud !
PAR LE COLONEL C. TRUMELET
qui se présente ainsi :
Commandeur de l’ordre de la légion d’honneur
de l’Islam (Tell et Sahara)
(…) Si Mohammed-ben-El-Aabed de la célèbre tribu chérifienne des Oulad-Sidi-Ahmed-el-Kebir et l’un des descendants du saint voulut bien sur ma demande, me continuer ses bonnes leçons et me servir de guide dans la Ziara (pèlerinage, visite) que j’avais formé le projet de faire aux tombeaux des principaux saints algériens, et cela malgré l’importance et les fatigues de cette pieuse entreprise. Après avoir composé notre itinéraire, je pris jour avec Si Mohammed-ben-El-Aabed, et nous fixâmes la date de notre départ. Nous devions commencer notre Ziara par les saints du Sud, revenir dans le Tell, et visiter ceux du littoral, c’est-à-dire les saints maritimes.
(…) Nous allons donc nous enfoncer dans les profondeurs du Sud occidental ;
(…) Aussi la nature des miracles des saints du Sahra s’est-elle modifiée très sensiblement,
comparativement à celle des aoulia de la région montagnarde: chez les thaumaturges du désert, elle emprunte le caractère aventureux des populations nomades de cette région ; dans le pays des horizons infinis la légende prend, en effet je le répète, une allure plus chevaleresque, plus guerrière, plus poétique ; elle rappelle plus volontiers les exploits merveilleux du poète-sabreur Antar-ben-Cheddad-El-Absi ; de Rabyahfils de Moukaddam, le plus brillant, le preux, le plus admirable de la vieille Arabie ; d’Amr-ben-Hind, le brûleur ; de Find, le poète-guerrier des Bni-Zimman, et de tant d’autres. Là, nos saints aiment les chevaux et la guerre, les mêlées furieuses ; ilsaiment les beaux coups de lance qui ouvrent de larges blessures, d’où le sang noir jaillit en flots bondissants; ils aiment ces merveilleux coups de sabre où les lames vont fouiller les entrailles des guerriers jusqu’au fond des reins : ce sont des thaumaturges à cheval dont le coeur est chauffé à la haute température de la république des sables. (..)« Nous assisterons aux sanglantes équipées où les femmes chauffent la bataille en jetant tous leurs charmes, toutes les promesses de l’amour, sur le champ du combat, pour exalter les guerriers. « Nous verrons aussi de saints anachorètes, des extatiques, dont les macérations,les mortifications, les tortures qu’ils s’imposent pour dépouiller leur matérialité, leur terrestrialité, pour dompter leur chair, pour se rapprocher de Dieu, dépassent toutes les folies mystiques, toutes les sublimes frénésies des solitaires de la Thébaïde; le désert, c’est la patrie des poètes, des brillants cavaliers, des contemplateurs, des chercheurs d’aventures.
Ceci dit, ceignons-nous les reins, mettons notre mezoued(1) de rouïna(2) à l’épaule, et en route pour le Sud !
PAR LE COLONEL C. TRUMELET
qui se présente ainsi :
Officier de l’instruction publique
Membre de la société des gens de lettres
Et de la société d’archéologie et de statistique de la Drome , Etc., etc.,…
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Notes
1. Mezoued, sac à provisions fait de la peau d’un chevreau.
Nous en avons fait notre mot musette.
2. Rouïna, farine de blé grillé qu’on détrempe dans l’eau pour s’en nourrir. Cette nourriture est
surtout celle des indigènes en voyage ou en expéditio
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