Réhabilitation



Vous trouverez en bas de page l'article de Mr. Haidèche : Ah si Bous'ada m'était contée


Cette page regroupe tous les projets de réhabilitation de la ville qui sont publiés sur le blog. A ma connaissance ils sont tous en suspens.
Si vous êtes informés de la réalisation d'un projet, merci de me le faire savoir (voir rubrique nous contacter de la page d'accueil) ou cliquez sur commentaires en bas des articles. Le blog publiera l'information

Liste des projets en suspens:
1/Annexe de l'Ecole nationale des Beaux Arts, Maison de la culture, Annexe de l'Université de M'sila, extension du musée E.Dinet, réhabilitation de l'hôtel de l'oasis ( à transformer en siège de l' Ecole des Beaux Arts?)
2/ Restauration du K'sar, plantation de palmiers, espaces verts et lieux de culture et de détente (Jardin Belguizaoui, Borj essa'a, el faouara), ouverture d'un jardin animalier  et d'un jardin botanique, restauration de la cala'a des beni Hammad, restauration du moulin Ferréro et du moulin à grains de Si Kerfali, embellissement de l'entrée de la ville et du centre ville: jets d'eaux, luminaires...
3/ Réhabilitation du patrimoine immatériel: concours de contes et légendes et proverbes avec édition des travaux des lauréats (Dhyab, Hayzia et autres); danses et musiques
4/ Station d'épuration des eaux usées, mise en place de filtres dans les usines de briques et de plâtre,
5/ Désenclavemnt de la ville: Liaison ferroviaire avec M'sila et provisoirement un minibus menant vers la gare, liaison avec l'auroroute menant vers Alger,
6/ Construction de logements en respectant l'architecture oasienne (le parpaing est le pire des matériaux dans un climat chaud), et la conception du foyer domestique dans notre culture algérienne. Le balcon est prévue pour des femmes occidentales. Il n'a aucune fonction pour les femmes algériennes qui sortent peu dans la rue et qui vivent le plus souvent à l'intérieur de la maison. Par contre l'architecture traditionnelle plus intelligente a prévu deux espaces: la cour intérieure et la terrasse. Pourquoi ne pas prévoir des immeubles construits en un cercle avec à l'intérieur de celui-ci des aires de jeu pour les enfants, des espaces protégés pour les femmes (pour sécher le couscous, laver du linge, organiser les fêtes, et autres) et des espaces verts , espaces de convivialité pour tout le monde. Et aussi réhabiliter les terrasses d'antan. Un concours au niveau des universités et écoles d'architecture pourrait être très utile.
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Projets réalisés
1/ Le jet d'eau au centre ville: c'est fait! (Novembre 2010)
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L'échec d'un projet, et au suivant!!!


C'est triste à en pleurer!!!! Un grand bravo pour les auteurs de ce gel, ils ont de quoi être fiers!!!! Quelqu'un peut-il nous donner des explications sur ce qui s'apparente à une  véritable persécution de cette petite ville? Apparemment le membres des deux APC n'ont  eu d'autre choix que la démission. On leur souhaite plein succès dans la défense des intérêts de leur ville. 

Les 23 membres de l’assemblée populaire communale de Bou Saada ont présenté aujourd’hui mercredi 12 janvier 2011 leur démission collective, selon un communiqué dont une copie a été remise à El watan. Les raisons de cette démission s’articulent, selon ce communiqué, autour du gel des études techniques du projet de l’annexe de l’université de M’sila, qui devrait être implanté à Bou Saada.
Cela constitue, aux yeux des démissionnaires, d’une part un prélude à l’annulation pur et simple du projet, et d’autre part un sentiment de discrimination quant au développement équilibré de la wilaya.
Il est utile de signaler que l’Assemblée populaire communale de Bou Saada se compose de 23 membres dont la majorité est d’obédience MSP.
(------) Les membres de l’assemblée populaire communale de Oultem (commune située à 80 km au sud ouest du chef lieu de wilaya de M’Sila), composée de 07 éléments, ont, dans un communiqué remis ce jour jeudi 13 janvier 2011 au bureau El Watan, déposé leur démission collective, et ce, en soutien aux élus de l’APC de Bou Saada.
Ghellab Smail in http://www.elwatan.com/


Le jardin Belguizaoui: Cherche investisseur désespérément
Publié sur le blog le 23  Novembre 2008


L’extraction du sable des oueds Maitar et Boussaâda a pris de l’ampleur ces dix dernières années, mettant en péril l’environnement de la ville.


L’exploitation anarchique et effrénée du sable a entraîné, avec le temps, l’élargissement des lits des deux oueds sur cinq kilomètres, ont fait remarquer les écologistes. Pour l’universitaire Chérif Kamel, il est urgent de limiter les quantités de sable susceptibles d’être exploitées et d’intensifier les contrôles sur site, par les autorités publiques «afin d’éviter, à cours terme, d’éventuelles catastrophes dont les inondations, du fait de l’élargissement et du changement du cours des oueds». Selon un membre de l’association de protection de l’environnement de Boussaâda, «deux millions de mètres cubes sont extraits annuellement des deux oueds». A ce propos, le wali de M’sila avait affirmé que des opérations de contrôle sur site de l’extraction et des «quantités exploitables» qui «s’inscrivent dans la durée» sont menées parallèlement à l’«intensification» des contrôles sur le réseau routier pour lutter contre les pilleurs de sable. Important site historique et naturel avec plusieurs monuments dont le moulin Ferrero, l’oasis de Boussaâda est actuellement menacée également par la progression débridée du béton et les eaux usées, en dépit des mesures prises pour limiter ces phénomènes de pollution. Les techniciens de l’hydraulique soulignent, à cet effet, que les déversements des eaux usées, se font dans le réseau d’assainissement et les cas signalés actuellement, estiment-ils, sont nouveaux et seront pris en charge, en attendant la réalisation de la station de traitement des eaux usées projetée au profit de la ville. Les carrières entourant Boussaâda constituent un autre facteur de pollution. Cette problématique est assez «compliquée», a affirmé le wali, qui relève que certaines de ces carrières sont «plus vieilles» que les cités résidentielles apparues suite aux derniers mouvements d’extension urbaine de la ville. Il a indiqué en outre que «la solution, s’il y en a une, n’interviendra qu’à moyen terme» en raison de «la contribution» de ces carrières à l’approvisionnement en matériaux de construction des chantiers locaux de développement. Le jardin Belguizaoui continue, par ailleurs, d’alimenter les discussions publiques dans la ville de Boussaâda. Objet jusqu’à récemment des convoitises des spéculateurs du foncier qui désiraient le transformer en lots de terrain constructibles, cet espace vert densément boisé est aujourd’hui un réceptacle pour les eaux usées, devant le manque d’intérêt que lui manifestent les riverains. Pour des écologistes locaux, cette forêt composée de peuplements d’eucalyptus plantés durant les années 1940, continuera d’aiguiser les appétits tant qu’elle ne disposera pas d’un statut clair garantissant sa protection, en dépit d’être maintenant une propriété du secteur forestier. Les autorités locales projettent de faire de cet espace un lieu de détente et de loisirs à condition d’attirer les investisseurs privés et les intéresser à adhérer à cette perspective. Une telle perspective semble idéale et serait la plus prometteuse notamment avec l’implantation déjà, tout autour du jardin Belguizaoui, d’une piscine semi- olympique, d’une salle omnisports, d’une auberge de jeunes, outre une série d’équipements touristiques, dont l’institut d’hôtellerie. Le marché aux puces qui se dresse à l’entrée de la ville fait partie, de son côté, des signes de ruralisation dont Boussaâda tente de se défaire pour redorer son ancienne image de site d’attraction touristique par excellence.
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Faoura de notre enfance, qu'es-tu devenue?

EL-FOUARA,UNE MEMOIRE GOMMEE
Article publié sur le blog le: 25 octoctobre 2008

Les Bou-Saâdis de plus de soixante ans se rappellent avec nostalgie d’une fontaine publique qu’on appelait EL-FOUARA.Elle était le havre vers lequel se dirigeaient instinctivement tous les pas des habitants de la ville lorsqu’ils voulaient profiter de la fraîcheur du soir après une journée torride ou effectuer quelques emplettes. Personne ne pouvait donner la raison exacte de l’origine de ce nom à moins de l’expliquer par une quelconque similitude avec les autres fontaines publiques telle la célèbre Aïn-Fouara, l’incontestable icône de Sétif*

Le mot en lui-même évoque en fait un jaillissement continu de vapeur vers le haut.Là, point de geyser auquel on s’attendrait peut-être, c’est plutôt l’écoulement paisible d’un filet d’eau utilisée beaucoup plus pour les ablutions et le lavage d’autres choses que pour se désaltérer à moins d’en supporter le goût légèrement saumâtre ou n’avoir aucune autre possibilité d’étancher sa soif.Elle n’a jamais eu non plus la prétention de détenir des vertus thérapeutiques ou un quelconque pouvoir mystique.
Ce qui est par contre remarquable c’est l’aura perceptible de ce lieu qui ne laisse personne indiffèrent.Un demi-siècle plus tard l’endroit où n’existe malheureusement plus aucun vestige dégage toujours une indicible charge émotionnelle.
C’était un véritable monument qui trônait au beau milieu de la place centrale de la ville, baptisée aujourd’hui place des Martyrs,et qui représentait le point de rencontre de toutes les classes sociales et de toutes les communautés qui se côtoyaient pacifiquement dans la citée.
La construction, de forme carrée et d’une hauteur de cinq à six mètres de haut, paraissait imposante mais combien familière à notre regard d’enfant.Elle était agrémentée sur ses quatre cotés par des acrotères et des corniches dans sa partie supérieure. Sur chacune des quatre façades, l’eau coulait par la gueule d’une tête de lion en bronze appariée à l’ensemble de la maçonnerie et se déversait dans des réceptacles creusés à même la pierre en forme de bassins.

Elle était construite avec de grands blocs de pierres taillées et on ne peut s’empêcher d’avoir une pensée respectueuse pour les bâtisseurs et à la somme d’efforts et de sacrifices pour réaliser cet obélisque à tête aplanie.On imagine ce qu’il a fallu comme endurance et patience pour ramener tous ces blocs de pierre avec les moyens de transport de l’époque, les tailler avec le burin et le marteau avant de les sceller harmonieusement par le système tenon mortaise.

Au sommet, accrochées à des acrotères, on pouvait toujours apercevoir quelques nids de cigognes et des essaims de pigeons tournoyer. Elle donnait l’impression d’être indestructible, voire éternelle !

Ses flancs Sud et Sud-Ouest étaient bordés par l’espace limité, à quelques centaines de mètres, par le Cercle Militaire et plus à l’Ouest par l’Hôpital et le fort Cavaignac appelé communément « Bordj Essaâ »aujourd’hui lui aussi en ruine.
La route qui conduisait vers Alger d’un coté et vers Djelfa et Biskra de l’autre passait devant le monument.
Dans les arcades qui longeaient la fontaine sur les cotés Ouest,et Nord se trouvaient les échoppes des artisans ainsi que les commerces tenus, la plupart, par des Mozabites ou des Juifs. Le coté Est donnait sur la façade principale de la mythique école Sidi Thameur du nom du patron de la ville

Assis en tailleur à même le sol les cordonniers fabriquaient les « rihia »(1) de nos grand’mères sans oublier les bolghas(2) et autres « bouskals »(3) aux talons ferrés destinés aux seigneurs de la steppe . Juste à côté de véritables artistes brodaient les plastrons des élégants burnous en poils de chameaux que portaient les notables et les gros propriétaires. Les autres maîtres du cuir peaufinaient les harnais des chevaux et tout ce qui se rapporte à la sellerie qui faisait la réputation de la région.Les maréchaux ferrants s’affairaient à ferrer les chevaux attachés parfois aux anneaux fixés aux murs de la fontaine.Les coups de marteaux des forgerons complétaient l’ambiance laborieuse de la citée.

Dans ses parages il y avait toujours une quelconque fête orchestrée par l’un des nombreux meddahs qui sillonnaient la région.Différents marchandises étaient exposées à la vente,entre autres les petits tas de dattes,de glands ou de marrons que les enfants venaient chaparder.

C’était l’endroit préféré pour échanger des nouvelles sur tout ce qui concerne la vie de la cité à l’ombre des mûriers centenaires ou simplement deviser en sirotant un thé ou un café servis par des garçons virtuoses dans l’art de faire valser les plateaux chargés de tasses et de verres sans aucun incident.

La veille du souk hebdomadaire qui se tenait le mardi les marchands arrivaient de tous les environs et dressaient leurs tentes et leurs étals aux pieds de cette fontaine Tout s’organisait autour d’elle en cercles concentriques : les habitués des lieux s’installaient à proximité de la fontaine, quant aux marchands occasionnels ils occupaient les zones périphériques un peu éloignés

Le soir c’est plusieurs bivouacs qui s’allumaient jusqu’à l’aube et on se retrouvait selon les affinités dans des groupes qui se constituaient spontanément pour écouter les légendes de Antar ou Sid Ali narrées avec l’art consumé du suspens et des rebondissements inattendus par des conteurs passés maîtres dans la façon de tenir leur auditoire en haleine.Chacun fantasmait sur le sort de sa Abla comme il l’imaginait. D’autres se laissent envoûter par les complaintes d’une flûte dont la mélodie lancinante s’évadait avec l’âme à travers les immensités désertiques à la recherche des chevauchées épiques.
Les autres journées l’endroit fait le bonheur des garnements de la cité qui venaient se rafraîchir ou remplir leurs seaux d’eau. Comme elle se trouvait en face de l’école communale, des grappes d’enfants l’assiégeaient toute la journée et s’ébattaient dans son bassin inférieur
Dans son voisinage on retrouve toujours quelques vendeurs de pois chiches ou de fèves que les écoliers achètent avec leur dotation journalière en fameux douros (4) par leurs parents.Cela tenait lieu de véritable repas et suffisait amplement à tromper la faim toute la journée.

Dans l’euphorie des premiers jours de l’indépendance recouvrée quelqu’un a eu l’idée insensée de démanteler cette fontaine parce qu’il a jugé qu’elle représentait tout simplement le dernier symbole d’un colonialisme vaincu mais gardant tous les espoirs de revenir pour s’y abreuver !
Sans autre forme de procès le monument emblématique de la ville, témoin muet de tous les secrets et les confidences des générations de visiteurs qui venaient l’admirer ou s’y reposer à été livré aux démolisseurs qui non seulement l’ont détruit mais ont fait disparaître ses pierres pour éviter toute velléité de reconstitution! A la place on avait planté un affreux tas de béton difforme qu’on surnomma par dérision « la cheminée » .

Etouffé par le prosaïsme ambiant, l’endroit glissa progressivement vers la réputation peu flatteuse d’être devenu le lieu de ralliement de toutes les formes de trabendo et des drogués qui disputent l’espace aux écoliers sous les fenêtres de la plus prestigieuse des écoles de la région : l’école « Sidi Thameur » l’ancienne école de garçons : Lucien CHALON.
Lorsqu’on voit l’état de vétusté de cet établissement, la saleté repoussante de son environnement avec ses odeurs pestilentielles et la faune qui peuple ses alentours rien ne laisse deviner qu’un bon nombre de ses élèves sont devenus des hommes illustres qui ont contribué à façonner l’histoire du pays, entre autres si Tayeb El Watani, notre défunt président Boudiaf.
N’oublions pas de reconnaître le mérite du personnel pédagogique qui l’a animée avec brio même du temps de la période coloniale et qui a été pour l’essentiel dans la formation de plusieurs promotions de cadres et de responsables de haute rang.
C’est l’occasion de faire montre d’un peu de gratitude. Continuer à se contenter de déplorer la situation par le soupir d’impuissance a confirmé ses limites.On pourrait tout de même consacrer quelques efforts pour accorder à la détresse de ces lieux magiques un peu plus de considération. C’est le moins que l’on puisse espérer !
Amara KHALDI, cadre à la retraite à Bou Saada
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Le café d'Alger , vous en souvient-il?
Un café qui n’avait plus rien de maure
Publié sur le blog: le 23 septembre 2008



C’était Le café d’Alger, situé à la jonction du quartier européen et de la médina. Ouvert au tout début des années cinquante du siècle dernier, il a baissé soudainement le rideau, il y a à peine quelques mois. Prétendant à la modernité, ses premiers tenanciers, Hadj Ali ben Rabah et consorts, installaient la première enseigne lumineuse au néon : « Café d’Alger» sur fond rouge et vert. Erigé sur les lieux mêmes d’un ancien café maure tenu par Benabdallah père, il constitua l’événement de l’époque. L’Echo d’Alger annonçait son ouverture en grande pompe. Disposant de 600 chaises, dit-on, le service était assuré par trois équipes tournant sur les 24 h. L’attractivité commerciale était générée par l’intense activité hippique qui se déroulait à longueur d’année à l’hippodrome d’« El-Gaâ». L’engouement suscité par la célèbre jument «Mabrouka» y était pour quelque chose ; le harras des Ouled Sidi Ziane pourvoyait tout le pays en chevaux barbe de race.

Constitué de deux salles imbriquées en forme de T, dont la barre supérieure comporte deux issues donnant sur les deux rues adjacentes de part et d’autre du corps du bâtiment, il n’avait rien de commun. Un long comptoir permet aux gens pressés de prendre leur café au pied levé, le reste de la clientèle disposait de la salle et des terrasses longeant l’entrée principale ou la poste sur le trottoir d’en face. La hotte est une immense arcade sous laquelle étaient agencés les percolateurs de café et de lait. Moderne, l’équipement, alimenté par une flamme bleue au gaz butane, surprenait par le scintillement des chromes. Les tables rondes métalliques et leurs chaises changeaient les us d’une clientèle habituée jusque-là, aux tables basses installées sur des nattes à même le sol. Les sirops à la menthe ou à la grenadine faisaient leur entrée dans des bouteilles dotées d’un bec verseur. Le thé était servi dans de petites théières dont le bec mordait à une touffe de menthe fraîche. Les petits pains beurrés, la brioche ou les beignets chauds accompagnaient le café au lait le matin. Il n’y avait pas que les Européens qui pouvaient se targuer d’avoir un café moderne à l’instar de celui de la poste dans le coin. La palmeraie, toute proche, permettait aux maraîchers installés sur les abords, de vendre le lait et les figues fraîches tôt le matin. Le lait, servi à l’aide d’unités de mesure de 200 et 50 décilitres, n’allait généralement pas au-delà de ces quantités. Les figues fraîches étaient livrées dans des corbeilles en alfa capitonnées de feuilles de figuier. Un trait culturel oasien faisait consommer ce fruit rustique, dès le lever du jour.

Le «café d’Alger», point nodal de la communauté citadine, connaîtrait-il le même sort que les restaurants «Le Ritz», «La Palmeraie», «Le Kerdada», les hôtels «Le Sahara», «l’Oasis» et d’autres lieux mémoriels ?

Ce lieu mythique a toujours été le point de ralliement des tendances intellectuelles et politiques de la cité. Avec pignon sur rue, il donnait à la fois accès à la Place «Canrobert» plus connue sous le nom de Ramlaya (Place Emir Abdelkader) du coté sud et à la vieille médina par son côté nord. Cette configuration a permis à beaucoup de militants de semer les forces de l’ordre coloniales, pendant la Révolution. Café des artistes, il recevait les troupes musicale de Abdelhamid Ababssa et théâtrale de Hassan El-Hassani. La proximité de Hammam Lahouel qui servait de dortoir aux passagers et la salle de cinéma, utilisée épisodiquement comme salle de conférence lors des joutes préélectorales, rendait son giron plus attractif que tout autre lieu. D’ailleurs, l’activisme politique de l’époque faisait installer le commissariat de police près de cette salle de spectacles.

Assis en tailleur au-dessus du foyer à bois surmonté d’une immense poêle à frire, Moussa ben Chenni, le marchand de beignet, lançait dans l’huile bouillante ses bouts de pâte étirés. Le produit, servi brûlant dans des assiettes en aluminium, était fourni à la clientèle du café, installée sur les terrasses. Emprisonné pour convictions politiques, Si Moussa fermait boutique jusqu’au lendemain de l’Indépendance nationale. Quant à Ahmed Mèch, le receveur indigène de la poste, lui, n’a pas eu la chance de surpasser l’écueil de la détention ; il aurait été assassiné au camp de concentration de Djorf.

En contrebas vers Ramlaya, Ahmed Lakhdar ben Tayar ouvrait la Maison de la datte où des colis postaux pouvaient prendre n’importe quelle direction. Ahmed Daba (Abdeladhim) dont la boutique était mitoyenne sous les arcades, faisait dans les articles artisanaux dont l’imparable éventail en palme. Frappé du chameau et du palmier en fil de soie avec l’inscription «Souvenir de Bou-Saâda», ce pittoresque article symbolisait «La cité du bonheur».Ces implantations n’étaient pas fortuites, elles gravitaient toutes, autour du terminus des autocars. Le premier service de cinq heures du matin, sur les trois quotidiens, de la Société Algérienne de Transport par Autocar «Satac» à destination d’Alger, partait à partir du café. Moulay était ce portefaix marocain, venu on ne sait d’où, qui prêtait ses services aux voyageurs. Le même premier service d’autocar, venant dans le sens inverse, ramenait d’Alger le «journal» aux environs de midi. Le ballot de «l’Echo d’Alger» jeté du haut de la marche du véhicule «Floirat» ou «Chausson», était destiné au buraliste Ali ben Saïd (Terfaya), installé quelques mètres plus loin sous les arcades (disparues) de la rue Gaboriau (rue de la République). Le pittoresque Dissi, habillé à la manière des dockers algérois, y fourgait sa sardine fraîche ramenée par on ne sait quel moyen. A l’angle avec le café de la poste se trouvait «Berred», était-ce son vrai nom ou plutôt celui de la fonction qu’il remplissait pour qu’on l’ait appelé ainsi ? Son kiosque était la halte obligatoire des journées caniculaires. On y servait du jus sucré préparé dans un grand chaudron en aluminium, dans lequel flottaient des tranches de citron et un gros morceau de glace. Un poussif ventilateur aidait à rendre l’endroit plus clément. L’après-midi, c’était au tour de Ammar de vendre ses pois chiches saupoudrées de cumin qu’il servait, dans des cornets faits de papier gommé. Sur l’accotement droit et plus loin que le café maure Daidah (reconverti) en allant vers la Place colonel Pein (Place des Martyrs), Amira ben Lograb recevait «la Dépêche de Constantine». Le journal était livré via Bordj Bou-Arréridj par les défuntes «Messageries du Sahara» de Boukamel, richissime transporteur du M’Zab. La boutique Lograb a longtemps constitué la caverne d’Ali Baba pour les enfants. On y trouvait de la confiserie orientale, le Kalbelouz notamment, le nougat introduit par Bounab revenu de son exil syrien et autres toupies et jeux pyrotechniques. Salah, le non-voyant, suppléait à l’absence de bureau de tabac, il vendait ses «Bastos» et «Camélia sport» qu’il tirait de son couffin dissimulé sous son ample gandoura. Cette pratique ne pouvait relever que de la retenue morale, qu’il témoignait à l’égard de la collectivité.Le «carrefour» était cet endroit névralgique constitué par le croisement de la rue Saussier (rue du Moudjahid) qui menait vers les renseignements généraux, la gendarmerie, le siège de l’Administrateur et la rue principale sur laquelle donnait la poste, l’hôtel Beauséjour, le syndicat d’initiative. Ce dernier était tenu par le légendaire Dib Khadir, crieur public officiel. Doté d’une soyeuse barbe blanche, en tenue traditionnelle et guenour (turban), il roulait son tambour avant de lancer son «avis» à la population. Il annonçait occasionnellement le programme de l’unique salle de cinéma l’Odéon où M’Khabel Richou, détenait le monopole de la cacahuète grillée. Le «café des Sports» de Bébère était le point de rassemblement des bourgeois juifs européanisés, plus loin à l’extrémité sud de la rue se trouvait l’Hôtel «Transatlantique» actuel «Kerdada» probablement seule survivance avec «Le Caïd», d’un tourisme qui se voulait exotique. Kada le polyglotte, en tenue blanche traditionnelle, arborait en bombant le torse, un macaron rouge et or sur lequel était inscrit : guide officiel. Freidja, en face, vendait ses roses de sable et ses «guenbri» en carapace de tortue. Ce célèbre hôtel a abrité d’illustres personnages, de Gide à Colette, des stars internationales, de Victor Mature à Hédy Lamarr pendant la réalisation de «Samson et Dalila», de Johnny Wesmuller pendant le tournage de «Tarzan» à Marcel Pagnol pendant celui de «Tartarin de Tarascon» et bien d’autres oeuvres cinématographiques. Les rues citées plus haut, promenade vespérale des résidents, étaient aspergées d’eau dès le début de l’après-midi. La citerne communale mouillait l’asphalte brûlant à l’effet de le rafraîchir. Cette évocation d’apparence nostalgique n’a pas concerné que la période coloniale ; elle balaie aussi dans le souvenir de la période post-indépendance, jusqu’au milieu des années soixante-dix. On vivait la ville dans son concept socio-urbain. La judicieuse répartition, même empirique des tâches, participait d’un souci évident de cohésion sociale. Le projet individuel, aussi modeste soit-il, s’inscrivait dans une dynamique de groupe où la notion de service public ne pouvait être, parfois, le fait que de la seule communauté. Se confondant avec le nom Benabdallah père et fils, gérant du fonds de commerce, le «café d’Alger», ce bien légué par le défunt Brahim Hamida (1), va-t-il connaître la dislocation inéluctable de la succession ou bien un meilleur sort ? Les charges mémorielle et émotionnelle que charrie cet édifice ne peuvent être escamotées aussi brutalement et sans appel ! L’autorité municipale est interpellée à plus d’un titre pour trouver la solution qui siérait le mieux à la préservation de ce patrimoine commun.

(1) A part Salah le non-voyant, la plupart des personnes évoquées dans le texte ne sont plus de ce monde
Article signé: Farouk.ZAHI
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Une exposition sur la calaa des beni Hammad


(….) Toujours dans le cadre du patrimoine, cher à la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi a annoncé l’élaboration d’un plan national pour la préservation de la Qalaât Beni Hammad, classée patrimoine universel conformément aux normes de l’Unesco et de l’organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (Alecso).
En vue d’une réhabilitation des sites et pièces archéologiques en Algérie, notamment ceux liés aux civilisations arabo-musulmane et amazighe, une nouvelle loi a été promulguée en 1998 visant leur restauration selon des normes universelles, a précisé la ministre soulignant qu’une méga exposition sur la Qalaât Beni Hammad sera organisée dans le cadre de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011».
http://lexpressiondz.com/article/3/2010-06-26/77942.html
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Appel aux structures administratives et aux associations de BS


Le 12 Mars le monde fête la journée internationale de l'arbre. Pourquoi ne pas prévoir la plantation de 200 palmiers à l'entrée de la ville ainsi que dans ses principales avenues ?

Les plants pourraient être offerts par des généreux donateurs de la ville et seraient mis en terre grâce au volontariat. Cette action serait suivie par l'organisation d'une grande zerda comme cela se faisait anciennement le 1er jour du printemps.

Merci de faire parvenir vos commentaires et suggestions sur ce blog.

Commentaire posté par S Benhouhou

Je trouve votre proposition très intéressante, mais pourquoi uniquement 200 palmiers ? Pourquoi ne pas prendre en charge, par exemple, le site de Djenan Belguizaoui et en faire un parc suburbain. La journée de l’arbre (le 21 mars et non le 12) peut être le point de départ d’un élan de solidarité de tous les boussaâdis (associations, APC, conservation des forêts, lycéens…) pour la finalisation de cette action écologique. L’aménagement consiste, d’abord, à faire un nettoyage du site (enlèvement des gravats, détritus, bois mort, élagage des arbres…) , puis faire un reboisement complémentaire en diversifiant les essences forestières (conifères, feuillues, arbustes…) ; En deuxième partie, avec l’aide de l’APC et de la wilaya, procéder à la clôture du site, réaliser un réseau de pistes et d’allées piétonnes, quelques kiosques (cafétéria, restaurant, …), créer une petite pépinière pour la production de plantes ornementales, arbres d’alignement et espèces forestières (pour les besoins du Parc, de l’APC et des particuliers), créer un mini zoo qui regroupera un certain nombre d’espèces autochtones et réserver une partie du terrain pour un parc d’attraction. Je pense qu’il existe beaucoup d’investisseurs privés qui peuvent être intéresser par le projet. Bonne continuation pour tout le travail d’information que vous accomplissez.

Benhouhou Saâdi, Inspecteur Sub-Divisionnaire des forêts - Formateur à l’ITMAS du Jardin d’Essai d’Alger.

2ème commentaire:

Toute assocation sérieuse qui accepte un contrôle rigoureux des fonds qui lui seraient alloués pourrait proposer à l'étude un projet à l'adresse suivante:

http://www.canadainternational.gc.ca/algeria-algerie/development-developpement/cfli-fcil.aspx?lang=fra

Diagnostic de l'état du K'sar par l'Union Européenne : Consultez le site: http://www.meda-corpus.net/frn/portails/PDF/F1SITES/Al_s02.pdf

3ème commentaire

Une proposition m'a été faite sur ma boite personnelle par anonyme: Pourquoi ne pas créer une association (formelle ou informelle) des BS vivant à l'étranger? Son but serait de lancer et soutenir des actions de revalorisation de la ville. Elle aurait aussi comme mission d'organiser des colonies de vacances pour leurs enfants qui viendraient visiter la ville de leurs parents et ainsi mieux asseoir leur idendité. La proposition est soumise à discussion

4ème commentaire par anonyme
L'entrée de la ville est tout simplement hideuse, en raison surtout de ces immeubles sans âme qui bordent la route. Qui peut habiter au bord d'une route de grande circulation? avec toutes ses nuisances telles que les gaz d'échappement, le bruit de moteurs qui gênent surtout les enfants et les malades. Ces logements devraient être attribués à des entreprises privées, ou à l'administration qui se chargeront du ravalement des façades pour les faire correspondre à l'architecture oasienne ou arabo mauresque. Ce ravalement devrait être imposé à tous les édifices se trouvant en bord de route pour préserver le caractère touristique de la ville.
Le centre ville est encore plus qu'hideux, c'est même honteux. Aucun permis de construire ne devrait plus être attribué s'il ne répond pas à ces normes architecturales comme cela se fait en Tunisie et au Maroc. Qu'est devenu Bab Bousaada qui apparaît sur la photo?

5ème commentaire:

Espérons que la restauration de borj essaa respectera les normes architecturales oasiennes comme cela a été le cas pour l'école de filles du plateau et de l'école Chalon

6ème commentaire

La dune de Bou Saada : http://lesoirdalgerie.com/articles/2010/01/11/article.php?sid=94001&cid=2

Planter des palmiers pour stopper l’avancée du désert:
http://www.azekka.org/dossiers/dossiers.php?id_dossier=48

Et http://pagesperso-orange.fr/denepoux/desert/chapitre/c6-2.html

Et http://nezumi.dumousseau.free.fr/alg/veget.htm

7ème commentaire: l'urgence des urgences c'est d'abord de mettre en place une station d'épuration des eaux usées

8ème commentaire

Je viens de voir les photos de la kalaa des Beni hammad. Un site féérique! Pourquoi ne pas choisir ce lieu historique pour l'implantation de la nouvelle ville programmée pae les autorités algériennes? En choisissant ce lieu les Sanhaja ne l'ont pas fait pas hasard , ils savaient ce qu'ils faisaient. Je vous conseille de lire le document suivant dans http://algerie-ancienne.com/index.htm

Vous cliquez sur le lien de la revue africaine et là vous trouverez dans le volume 30 un bel article sur la kalaa écrit par Mequesse. Dans le volume 27 lisez l'article sur Sidi M'hamed (Alger) descendant des Thaalaba du Titteri, ( traduction par Arnaud des récits M. Abou Rais). C'est fabuleux!

Saviez-vous que la porte de bab azzoun (sous les Turcs) est celle qui fermait bab azzouz de la kalaa, ? saviez-vous que les fouiles sous la place des martyrs ont découvert des pierres ramenées de la kalaa,(une fois détruite par les Almohades) par Bologhine ibn DZiri pour construire Alger des béni dziri? Les Turcs ont fait l'extension de l'Alger de Bologhine. Pour cela, lisez aussi les articles de Devoulx et Berbrugger disséminés dans les volumes 14, 15, 19 et suivants.
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DU HAUT DE CE BELVEDEDERE

Borj Essaa tel un sphinx, son imposante carrure dépenaillée par les morsures du temps, s'impose à la vue d'où que l'on se place et semble se morfondre stoïquement dans l'indifférence de la Medina sur laquelle il croit toujours veiller.

"Enfin une troisième crête, la Dhal’at elyhoudi (la côte du Juif), en arrière des deux autres vers l'ouest, devint le fort Cavaignac, lors de notre installation en 1849-50…"ainsi l'avait situé et daté dans ses mémoires le commandant CAUVET, l'un des officiers-historiens de la colonisation.
L'implantation du fort à cet endroit précis n'était pas fortuite. En observant la configuration générale du terrain on se fait une idée sur les raisons qui ont déterminé son choix. A l'évidente situation géographique, à la confluence des routes traditionnelles vers le grand sud s'ajoutent les réelles possibilités défensives offertes par une longue épine rocheuse qui traverse le site sur lequel allait s'édifier rapidement l'une des plus grandes garnisons de la région. A son extrémité Nord Est se trouve un piton rocheux plus haut bordé à l'ouest par une falaise abrupte surplombant l'ensemble du paysage. Sa position juste en face de la médina le prédisposait tout naturellement à devenir un point stratégique pour dominer le cœur de la ville arabe construite autour de la mosquée de son saint patron, Sidi Thameur sur une sorte de plateau au relief tourmenté situé en contrebas. C'est là que les stratèges de l'armée d'occupation installèrent un poste de vigie pour surveiller les mouvements de la citée indigène maintenue en ébullition larvée par les résistants tels Benchabira et ses nombreux compagnons. Les déplacements de la population autochtone dans la steppe environnante n'échappaient pas non plus à la vigilance de leurs guetteurs qui se relayaient au sommet de la tour principale. Une épaisse muraille truffée de meurtrières capables de résister aux assauts les plus fougueux protégeait ce camp qui allait vivre en autarcie et regrouper tous les corps de métiers nécessaires aux missions de l'importante garnison chargée d'assurer la logistique indispensable aux multiples colonnes qui s'élançaient vers le sud à la conquête de nouveaux territoires.
CAUVET écrit à cet effet : Bou-Saâda commande toutes les routes qui mènent du Hodna occidental dans le Sahara de l'Oued Djedi par les passes de BOUK'HIL, elle tient les routes qui mènent au Djebel Amour soit par Djelfa, soit par Laghouat. Son importance était donc extrême pour les conquérants venant de l'Est et qui avaient à refouler incessamment les nomades qu'ils avaient dans le principe rejetés dans les déserts du Sud
Au sujet du guêpier de Bou-Saâda comme il le qualifiait, CAUVET poursuivit : Le gouverneur général Charan avait en effet conçu le projet de créer un poste à Bou-Saâda que l'on savait fortement travaillée à ce moment par le parti anti-français poussé par les SENOUSSISTES…"dont un illustre représentant, Si Mustapha, le frère de l'Emir Abdelkader venu lever et organiser les renforts en armes et en hommes pour l'armée de l'Emir avait séjourné plusieurs fois au sein de la tribu des Ouled-Sidi-Brahim à quelques encablures de la ville.
La surveillance de la citée était assurée par des miradors élevés aux quatre coins de la caserne dont le plus important avait l'aspect d'une imposante tour carrée qui permettait de balayer du regard une grande partie des terrasses de la ville, les ruelles et avoir une vue plongeante sur les jardins de la palmeraie et une partie de l'oued.
Avec une longue vue on pouvait apercevoir facilement au loin les salines du Hodna, les étendues sablonneuses des Ouled Sidi Hamla, la steppe des Houamed et Ouled Madhi, les piémonts d'Eddis ou le massif boisé de Messaad en passant par les gorges qui s'enfoncent en amont de l'Oued vers les Meragsa d'El Allig et les Chorfa d'El Hamel.
Une grande horloge ornait la plus haute tour du fort Cavaignac qui prit pour cette particularité le nom familier de Bordj Essaa (la tour de l'horloge). Pendant une longue période elle fut le témoin privilégié de l'écoulement du temps dans la ville et ses proches alentours pour ceux qui s'intéressaient aux horaires des différentes activités telles les prières ou l'irrigation dans les jardins de la palmeraie. C'est elle aussi qui commandait à l'obusier de faire feu pour annoncer la rupture du jeune lors du mois sacré du Ramadhan. Son carillon accompagnait les insomniaques en égrainant les heures lors des longues veillées et était entendu à quelques kilomètres à la ronde.
La caserne abrita plus tard une école militaire pour les enfants de troupes dont les pensionnaires venaient de différents horizons, même d'autres pays anciennement colonisés par la France. On rapporte que quelques uns de nos grands responsables avaient entamé leur préparation à une carrière militaire dans cette caserne.
Un hôpital rendu célèbre par l'un de ses médecins, Etienne SERGENT, qui y découvrit le sérum anti scorpionnique, jouxtait l'école et assurait sa mission sanitaire pour les militaires et les quelques européens et juifs venus s'installer, à l'ombre des baïonnettes, dans une région laborieusement pacifiée à coup de canons.
Après le recouvrement de l'indépendance du pays, l'hôpital continua à fonctionner pendant un certain temps mais le reste des dépendances fut désaffecté et livré à la dégradation causée par l'inoccupation et donc le manque d'entretien. L'horloge s'arrêta et ses mécanismes disparurent progressivement. Seuls quelques fragments du cadran résistent encore imperturbablement aux effets des aléas de la nature. Plusieurs tentatives pour la remettre en marche ont fini par s'embourber dans les méandres de la bureaucratie et être curieusement abandonnées après les premières démarches!
Le fort continue à se délabrer inexorablement et une douloureuse page de la mémoire de la région menace de disparaitre stupidement avec les pans glorieux de la résistance des Bou-Saadi à la pénétration de l'occupant dans la région.
Les prémisses d'une réelle volonté de prendre en charge la restauration des lieux se dessinent cependant ces derniers temps avec plus d'acuité pour peu que ce fort, notamment dans sa partie nord, soit tout de suite versé dans le patrimoine touristique de la ville et valorisé. Reste à définir donc son statut juridique définitif et son appartenance
Une équipe de paysagistes et d'architectes pourrait le transformer en un espace propice à la culture et aux loisirs au grand bonheur de la population et de ses nombreux hôtes. Il part avec l'avantage certain d'avoir déjà une âme. Bordj Essaâ prendrait l'aspect d'un superbe belvédère d’où l'on pourrait, dans une ambiance conviviale, s'adonner aux plaisirs de l'art tout en contemplant le panorama merveilleux des fameux couchers de soleil dont la palette des couleurs féeriques a subjugué plus d'un artiste, entre autres, le plus connu d'entre eux, N.DINET.
Les amoureux de la nature projettent déjà d’y créer un club d'astronomie, en attendant d’autres projets.
*les passages en italique sont puisés du document historique n°57176 de la Bibliothèque Nationale concernant un rapport établit par le Commandant Cauvet intitulé "L'OCCUPATION ROMAINE DE BOU-SAADA "mis gracieusement à notre disposition par celui qu'on appelle la mémoire de la région: Mr BOUDIAF Ahmed. Qu'il en soit remercié.
La région fut difficile à contrôler malgré le peu de moyens entre les mains des combattants qui n'arrêtaient pas d'harceler l'envahisseur et s'opposer héroïquement aux assauts répétés des hordes ennemies mieux équipées. D'après les différents témoignages il a fallu plusieurs batailles sanglantes et une longue période de troubles latents avant que la citée ne soit soumise et l'administration militaire mise en place pour asseoir l'autorité de la colonisation.
Même si les soulèvements d'une population terrassée par la précarité et la répression faiblissaient d'intensité, les autorités militaires redoublaient de prudence
Malgré le quadrillage d'une ville exsangue soumise aux règles drastiques de l'état de siège, les braises de l'insurrection étaient toujours incandescentes dans les différents quartiers indigènes où l'esprit de révolte bouillonnait
Néanmoins, la résistance ne s'est jamais estompée complètement malgré la brutalité sauvage et l'absence dramatique des moyens de combat. Les épopées des héros des insurrections successives étaient chantées dans toutes les chaumières.
Qui n'a pas entendu les anciens évoquer avec beaucoup de nostalgie et d'admiration l'histoire de"Boubreyt" des Ouled Ameur, l'une des grandes tribus de la région qui infligea une défaite cinglante aux troupes coloniales lors d'une mémorable bataille où le général Beauprêtre fut blessé. C'était le jour de l'Aïd précisait le poème épique !
Si Ahmed BEN ELBEKAY, une autre figure légendaire immortalisa le nom de Messaad dans les annales de la résistance héroïque des Ouled-Ferradj et la victoire contre le régiment du lieutenant de Marelles qui fut tué du coté de Dermel en 1914.
Une triste réputation accompagnait l'évocation de ce fort, tellement il était difficile de dissocier son image du calvaire des cohortes de prisonniers qu'on ramenait après chaque razzia et qu'on utilisait pour les travaux forcés dans la construction de toutes les infrastructures nécessaires à l'installation et au séjour de l'occupant.
L'appartenance des ossements humains qu'on découvre jusqu'à aujourd'hui aux alentours immédiats de cette caserne à chaque fois qu'on lance des travaux d'excavation ou de terrassement n'a pas encore été déterminée. D'aucuns essaient de l'expliquer en l'attribuant à une quelconque période ou phénomène social telles les épidémies qui ne manquaient pas à l'époque et décimaient des tribus entières. Mais comment justifier cette localisation ? Un véritable cimetière musulman suivant l'orientation des tombes se trouve en contrebas de ce promontoire mais le mystère de ses origines demeure entier. Certains n'hésitent pas cependant à prétendre qu'il s'agit des sépultures des parias que l'armée capturait lors des opérations de "maintien de l'ordre" et qu'elle enterrait dans ce terrain qui servait de no man's land séparant les différentes communautés vivant dans la citée. Une page que les spécialistes de l'histoire pourraient peut être mieux éclairer.
Amara KHALDI
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Ah si Bous'ada m'était contée


Bou Saada, ville du soleil, cité du bonheur, la porte de BS est située à 250km d’Alger. Le nom de la ville est celui d’un sage savant nommé dans le temps passé Abi Saada qui donnait un enseignement religieux et certaines sciences, le Coran, le hadith et le jihad contre les khaouarij. A l’arrivée des arabes musulmans au 6ème siècle hijri (12ème) certains responsables ont acheté l’eau de l’oued Bou Saada chez une tribu nommée el badarina ; celle-ci a changé de lieu et s’est déplacée vers k’sar el boukhari. Par la suite l’oued Bou Saada est devenu la propriété des Arabes arrivés de l’ouest sous la responsabilité du roi Sidi Thamèr et ses amis Dhaim Aissa Slimane ben Rabia qui se sont dispersés après leur mission. Ils ont fait naitre la petite ville de Bou Saada qui est devenue un grand carrefour pour les caravanes du Nord vers le Sud et du Sud vers le Nord ; c’était un point de transit pour les commerçants. Les caravanes du Sud amènent avec elles toutes sortes de dattes comme dèglet ennour, la datte écrasée et emballée dans des peaux de chèvre ou des caisses en bois, à dos de chameau, de la région du Zab ; la région du Nord livre du blé et de l’orge , la paille et plusieurs autres produits de la terre. Certaines tribus de la région de Bou Saada éleveurs de moutons et de chèvres livrent le beurre de mouton et de chèvre. Les commerçants de la ville transportent des produits comme le café le sucre, l’huile et autres produits d’épicerie et alimentation. Les artisans de la ville cordonniers, menuisiers, forgerons, couturiers de burnous et kachabia en laine de mouton et de chèvre et chameaux. D’autres artisans travaillent l’or et l’argent, le couteau bous’adi et le matériel agricole.

Une riche palmeraie est irriguée par l’oued à partir du haut de la montagne Kerdada. L’eau de l’oued est partagée en plusieurs séguia : A droite : Séguia de nékhara, el khachba, Mimoun. A gauche alimentées par les sources du vieux quartier on trouve : Aïn Sidi Thamèr, Aïn Essilamat, el majèn, Aïn el melha, (Aïn Loumamine). La palmeraie comprend 27.000 palmiers, des milliers de figuiers, des abricotiers, des vignes, pêches, coings, et pruniers grenadiers. On y cultive des tomates, piments, fèves, oignons, épices et herbes aromatiques. La palmeraie est divisée en petits jardins, propriétés des familles de la ville ; ceci était leur seule ressource de vie dans l’ancien temps. Elle était entretenue chaque jour, chaque mois, chaque saison par le père et ses enfants ; les familles riches de Bous’ada chargeaient un khammès de soigner leur jardin et il prendra un cinquième de la culture du jardin : dattes, tomates, fèves, fruits, etc. La palmeraie était habitée par ces petits cultivateurs (khammès). La plupart possédait un âne et une vache. Le lait est vendu matin et soir aux habitants de la ville qui se compose des quartiers suivants : el k’sar, Loumamine, ouled Attig, Zoukoum, ouled H’maida, el Achacha. Les gens achètent ¼ de litre, ½ litre, un à deux litres, pas plus, par jour. La nourriture en hiver se compose de tomates séchées, de piments séchés, de fèves séchées, d’abricots séchés, viande séchée, graisse , plusieurs épices, et certains fruits comme la grenade , le coing et les dattes. A partir du printemps, les propriétaires des jardins habitent leurs jardins de la palmeraie, dans des petites maisons construites en toub de terre, et un toit en bois de palmier, jusqu'au dernier mois de l’automne.

L’irrigation de la palmeraie est divisée en semaines. La durée de l’irrigation est faite selon la superficie du jardin. Les cultivateurs donnent une très grande importance à leurs jardins. La ville ancienne de Bous’ada se compose de 6 mosquées de la religion musulmane qui sont la mosquée de Sidi Thamèr la première mosquée qui date du 9ème siècle avec sa source d’eau, la mosquée d’ouled Attig, la mosquée Loumamine, la mosquée de Zoukoum, et la mosquée d’ouled H’maida. La majorité des habitants de Bous’ada pratique et croit à la religion musulmane. Dans chaque mosquée il y a une zawyia coranique qui est ouverte le matin, l’après-midi et le soir aux enfants de la ville. Entre ces trois périodes les enfants fréquentaient l’école française. Sauf le jeudi et mercredi après midi et la journée du dimanche. Pendant la seconde guerre mondiale tout le monde a décidé d’apprendre le Coran ou aller l’entendre dans les mosquées et les zawyias ; il y a beaucoup de gens qui apprirent le Coran pendant cette période de guerre.

Certaines industries de la ville : les moulins de blé, les fours de briques, les boulangeries, les écuries, les cafés de zajoua turque, l’industrie de l’alpha, le travail de la laine, le charbon, le bois, le transport de pierres et de sable, les carrières de sable et les plâtrières. Il se trouvait dans le passé 4 moulins de blé et farine qui existaient depuis plusieurs siècles. Le long de l’oued Bous’ada, le dernier moulin a fermé durant les années 70. Ces moulins sont nommés « moulin mozabite » , « moulin Serguine » , « moulin Ben Lamri », « moulin Ferrero » qui fonctionnent tous par l’eau qui n’a jamais manqué à l’Oued Bous’ada depuis et même avant la création de la ville. Tous les habitants et certains douars se présentent à ce moulin par leurs moyens de transport avec leur blé, orge, à dos de chameaux, mulets et ânes et chevaux, qui tirent des charrettes, et ensuite transportent le blé transformé en semoule.

Les fours de briques qui datent depuis plusieurs siècles sont construits près des carrières d’argile verte et les points d’eau. Les premiers fours ont été près de l’oued, le travail est fait manuellement : préparation de la terre, mélange à l’eau avec les mains et les pieds, ensuite cette préparation est coulée dans des moules, demi cercle (demi bouton), rectangulaires et carrés. Les briques seront exposées au soleil pour les sécher. Elles seront ensuite mises dans un four chauffé par le bois. Elles seront utilisées par les bains maures, les fours à pain, les toits, et même carrelage de briques. Il y avait aussi des carrières de pierres très anciennes qui se trouvaient au sud de la synagogue juive et au nord de la mosquée d’ouled Attig ; l’autre carrière se trouvait au nord de la caserne de l’hôpital, au nord de borj essa’a. Ces pierres servaient à la construction des murs, des dalles de marche d’escalier, des entrées de portes de maison et aussi certains quartiers ont été dallés avec ces pierres comme l’ancien mouamine (z’gague el hijar) et aussi dans l’ancien siècle, les Romains ont utilisé ces carrières pour leurs forts, et aussi les Turcs ont utilisé ces carrières et aussi les Français.

A l’arrivée de l’armée à Bous’ada en 1849 les sages de la ville ont caché sous terre toutes les ruines romaines pour éviter le colonialisme français de la ville de Bous’ada.

Et aussi les trottoirs sont faits en pierres taillées et les allées des trottoirs (pour l’eau de pluie) qui se dirigent vers les égouts construits en pierres. La région et la ville de Bous’ada est entourée de montagnes qui ont été utilisées comme carrières par toutes les civilisations. Bous’ada a une journée par semaine pour le marché où toutes les tribus se rencontrent pour vendre ou échanger leurs produits ; ils passent alors la nuit dans les écuries de la ville avec leur bétail : chevaux, mulets, ânes, chameaux, vache, chèvres et moutons ; il y a une très grande communauté économique où l’entraide dans les domaines de l’achat, la vente, les travaux communs entre riches et pauvres suite à la règle coranique que les gens de la ville respectent tous. Même les juifs et les chrétiens sont obligés de respecter cette communauté (solidarité) qui a fait de la ville de Bous’ada une cité du bonheur où tous les gens vivent une vie très belle et agréable avec une simplicité et une tranquillité des gens de la ville avec ses beaux quartiers, selon les coutumes musulmanes. Dans chaque quartier on trouve des petites places pour les gens (hommes et enfants) qui se rassemblent pour raconter leurs vieilles histoires et prendre la fraicheur en été. Ces places sont rahbats : loumamine, sabbat, abai, essilamat, echorfa, ramlaya, essouk, haouch el himaoued. Les femmes et aussi les enfants et les hommes malades et vieux se mettent au soleil pour se réchauffer sur les toits de leurs maisons et aussi passent la nuit en été. A partir du coucher du soleil au lever du soleil. Les familles vivaient dans des petites maisons construites en toub d’argile et les toits en bois couvert par de la boue, sable et la chaux. Certaines maisons sont construites en pierres et briques Les maisons des riches qui reçoivent toujours leurs invités de toutes les classes riches et pauvres et chefs de tribus et chefs de quartiers pour régler certains problèmes entre les tribus et les familles, difficultés de terres de labours et héritage ou bagarres dans le marché . Les cafés de la ville étaient tous équipés de tapis en alpha et petite table en bois (maida) avec des petits fours qui s’allument au charbon de bois. Les cafetiers préparent du café mélangé avec du sucre (zajoua), du thé avec du thym (khorgelène), tisane pour le rhume avec du thym et du Chih avec za’tar ; les gens passent leur temps à régler leurs problèmes de marché ou agricoles en racontant des vieilles histoires des temps anciens.

La vielle ville de Bous’ada et ses vieux quartiers

Elle est construite sur des petites collines, entourée par la palmeraie et les arbres qui embrassent les murs de la ville qui lui donnent une très bonne fraicheur surtout la nuit d’été qui est très chaud dans la région et dure presque dix mois Les sources et les fontaines donnent aussi la vie à la vieille ville pendant cette période d’été chaude. Pendant les quarante jours d’été toute personne touchée par les rhumatismes homme ou femme et supporte la chaleur des dunes de sable vont pendant l’heure du midi où le sable est chaud s’enfouir dedans pendant une heure pour dégager les douleurs rhumatismales car l’hiver à Bous’ada est très froid où souffle le vent glacial venant de l’Est de l’ouest et du Nord. Parce que la ville de Bous’ada est distante d’à peine 100km des montagnes enneigées. A l’est Ma’did, au nord Dira, au sud et l’ouest les monts des ouled Naïl.

Bous’ada et ses savants :

• La ville d’Aïn Bessam avant de choisir un imam devait le présenter aux ulémas de la mosquée de sidi Thamèr. Cela concernait d’autres villes aussi.

• Les sages de la ville qui ont fait cotiser tous les habitants de la ville, ont récolté la somme de 1500 dinars anciens qui a été donnée aux Bousaadiens qui faisaient le pèlerinage à pied en passant par Damas. Cette somme devait servir à acheter le recueil de hadiths de notre prophète Mohamed (QSDSL) : Sahih el Boukhari. Il a été commandé au cadi de Damas et devait être écrit à la main. Celui-ci, après leur avoir remis l’ouvrage signé et cacheté de sa main, leur rendit leur argent en leur demandant de le distribuer aux pauvres de Bous’ada.

Signé : Haidèche (Mosquée sidi Thamèr)

PS/ A part quelques petites corrections j’ai tenu à respecter la version originale.